Au sud du Bénin, spot balnéaire majeur de la sous-région, se trouve un peuple dont le mode de vie surprend plus d’un : les tofinnous. Ces hommes de l’eau ont en effet fait du lac Nokoué leur habitat naturel. Ils vivent sur l’eau dont ils dépendent énormément. Parmi les nombreux villages lacustres construits par les hommes de l’eau, se trouve une métropole de plusieurs milliers d’habitants : Ganvié.

La cité lacustre de Ganvié sur le lac Nokoué à une trentaine de kilomètres au nord de Cotonou, est une attraction touristique phare dans le pays et des milliers de touristes viennent des quatres vents pour observer cette curiosité. Retour sur ce qu’on surnomme à juste titre la Venise Africaine. 

L’histoire de la cité lacustre de Ganvié

Nous sommes à 18 km de Cotonou. Sur les paisibles eaux du lac Nokoué se dresse la plus grande cité lacustre d’Afrique. Avec près de 40 000 habitants, des églises, des infrastructures bancaires et administratives, la ville de Ganvié n’a rien à envier aux autres villes. Elle dispose même d’un cimetière, sur la terre ferme, au fond de la ville.

Mais les origines de cette cité lacustre remontent à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. À l’époque, les guerres tribales et les razzias esclavagistes battaient leur plein. Pour fuir les hostilités et les odieux actes engagés face à l’ensemble de la population qui vivait sur le territoire de l’actuel Togo, des villageois prirent la décision de venir se réfugier dans les marécages du lac Nokoué.

 La légende raconte que les premiers habitants de Ganvié partirent ainsi du Togo et arrivèrent sur les rives du lac Nokoué en 1717. Incapables de traverser le lac, car ne possédant aucun moyen destiné à cet effet, le roi Agbogdobé qui était à leur tête usa de ses pouvoirs magiques. Il se transforma en épervier pour survoler le lac et repérer l’île de Ganvié. Puis, il revint se changer en crocodile pour porter son peuple sur son dos vers la nouvelle terre. C’est pour cela, dit la légende, que le crocodile revêt cette sacralité qu’on lui connait à Ganvié. 

Plus récemment, la migration des Sokomènou et des Dakomènou qui ont élu domicile sur le lac Nokoué et ses environs a contribué au peuplement progressif de la région. 

La vie des hommes de l’eau à Ganvié sur le lac Nokoué

Mode de vie

Vivre sur le lac Nokoué doit certainement avoir ses côtés passionnants. Dans tous les cas, ici les habitations sont sur pilotis, entièrement construites en matériaux naturels. On observe le plus souvent des constructions sur pilotis en bois, en bambou avec de la paille et des végétaux divers. Malgré leur frêle apparence, ces constructions sont capables de résister aux intempéries et aux divers aléas climatiques pendant plusieurs décennies. 

L’accès à l’eau potable, un peu plus difficile sur le lac, est néanmoins possible par l’intermédiaire de deux bornes fontaines installées par les structures étatiques. La population parvient à s’y rendre en pirogue pour remplir leurs bidons d’eau. 

Cependant, le problème majeur est l’alimentation en électricité. Les habitants qui ont les moyens n’hésitent pas pour autant à s’équiper de groupes électrogènes. Certains plus fortunés optent d’ailleurs pour l’énergie photovoltaïque, moins polluante.

Les réligions dans la commune de Sô-Ava et à Ganvié

La laïcité est bien présente au sein de la population des toffinus. Si beaucoup pratique les religions endogènes, on observe également çà et là quelques églises sur pilotis au sein de la cité et des villages lacustres environnants.

L’alimentation des hommes de l’eau de Ganvié

Puisque le lac Nokoué est pour l’instant préservé de toute pollution industrielle, il est exploité à des fins de pisciculture. La population locale entretient leurs acadjas, ce qui leur permet de disposer de suffisamment de poissons pour subvenir aux besoins de leur famille plusieurs mois durant. 

Les femmes s’adonnent aussi au commerce.  Il faut dire que comme tout tourne autour de l’eau à Ganvié, la source principale de commerce est issue des produits de la pèche. La cité dispose d’un marché qui se tient sur l’eau. Lorsqu’il n’est pas possible de s’approprier certaines denrées de première nécessité, des marchés sur la terre ferme compensent ce besoin, à l’instar du marché de l’embarcadère.

Les fêtes

En dehors des fêtes religieuses célébrées par tout le peuple béninois dans l’application de sa laïcité (fête du vaudou le 10 janvier, pâques, Noël, St-Sylvestre, Maouloud, Tabaski, etc.) les toffinous ont également leur fête identitaire. Le toffin-xwé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est une fête qui regroupe chaque année les ressortissants des villages lacustres et les descendants des habitants de l’eau ou hommes de l’eau. 

Les activités économiques

Les principales activités économiques sur le lac Nokoué tournent autour de l’eau. D’abord, la pèche est la principale activité de la population. Elle est exercée par plus de 70 % des tofinnus à Ganvié. La pêche est une tradition transmise de génération en génération. Les produits de la pèche à Ganvié se retrouvent au niveau des marchés environnants, notamment le plus grand de la sous-région Dantokpa.

Outre la pêche, le dragage de sable lagunaire, l’agriculture saisonnière et le guidage touristique sont d’autres activités majeures pratiquées dans la cité lacustre de Ganvié. Le marché flottant de cette dernière, qui s’anime surtout la nuit, est à souligner.  

Pourquoi visiter cette cité lacustre au Bénin ?

La ville de Ganvié sur le lac Nokoué est aujourd’hui la plus importante cité lacustre d’Afrique. Elle est inscrite depuis 1996 sur la liste indicative de l’UNESCO. C’est une curiosité touristique majeure et unique en Afrique, voire au Monde, car toute la vie de la population se déroule sur l’eau et tout tourne autour de l’eau. 

Contrairement à son homologue italien auquel elle est souvent comparée, la cité lacustre de Ganvié s’éloigne des fastes pour vous plonger dans le cœur et l’âme du Bénin vous laissant un souvenir authentique. 

Plus qu’une simple ville de pêcheurs, Ganvié est une cité riche d’histoire et empreinte de cette culture qui fait du Bénin l’un des plus beaux et chaleureux pays d’Afrique de l’Ouest. Ganvié est ce monde dans lequel les rues et les voitures s’effacent pour laisser place aux canaux et aux embarcations. La cité lacustre de Ganvié est un cadre dont le rythme de la vie s’écoule au fil de l’eau. À voir absolument au moins une fois dans sa vie.

Comment se rendre à Ganvié ?

La cité lacustre de Ganvié se trouve sur le lac Nokoué dans la commune de Sô-Ava à une vingtaine de kilomètres de l’aéroport de Cotonou. Pour visiter Ganvié et les autres villages lacustres, il faut se rendre sur le site touristique d’Abomey-Calavi précédemment appelé embarcadère d’Abomey-Calavi. De là, des pirogues ou des barques motorisées vous emmèneront à Ganvié situé à 8 km du quai du site touristique. Le site touristique d’Abomey-Calavi est accessible par voie terrestre à une dizaine de kilomètres de l’aéroport de Cotonou. 

La méthode la plus rapide et la plus pratique est d’emprunter un taxi pour se rendre à l’embarcadère. Mais vous pouvez également faire un détour pour visiter quelques musées du Bénin à Cotonou afin de vous imprégner de la vie, de l’histoire et de la culture du peuple béninois. 

Comment trouver un guide touristique pour visiter Ganvié ?

Il vous faudrait un bon guide touristique pour vous imprégner de l’histoire et de la culture des hommes de l’eau, les tofinnous. En effet, sans connaitre le passé de ce peuple, il vous sera difficile de mettre en perspective ce qui se passe à Ganvié. Pourquoi des hommes accepteraient de quitter la terre ferme, milieu naturel de l’espèce humaine, pour venir vivre sur l’eau ? 

Si jadis trouver un bon guide pour visiter Ganvié était la croix et la bannière, aujourd’hui les choses ont évolué. Le gouvernement béninois a déjà uniformisé les prix des transports depuis le site touristique d’Abomey-Calavi certes, mais le secteur des guides touristiques est toujours en pleine réforme au Bénin. En attendant, si vous vous rendez sur le site touristique d’Abomey-Calavi, vous trouverez des guides locaux qui se feront le plaisir d’agrémenter votre traversée par de belles et riches anecdotes.

Les activités touristiques de Ganvié

La cité lacustre de Ganvié est en elle-même déjà une attraction majeure. Il est préférable de la découvrir à travers ses hommes, ses paysages et son histoire pendant votre séjour. 

Cependant, vous pouvez, en plus de faire le tour de la ville, décider d’organiser une partie de pêche avec les hommes de l’eau, population autochtone.

Si vous avez l’esprit assez aventureux, vous pouvez aussi visiter certaines attractions telles que la rivière sacrée, la forêt des singes ou encore le canal des oiseaux. Ces attractions sont toutes située sur le lac Nokoué à proximité de la cité de Ganvié.

Manger et se loger dans la cité lacustre de Ganvié

Il existe typiquement deux options pour se loger dans la cité lacustre de Ganvié. Vous pouvez vous loger chez l’habitant ou opter pour aller à l’hôtel. Si héberger à Sô-Ava vous facilitera une immersion dans l’ambiance et la vie des habitants de l’eau, vous pouvez également vous loger dans les communes environnantes à l’instar de Cotonou ou Abomey-Calavi. L’hôtel Assouka Eco-village à Abomey-Calavi et situé au bord du lac Nokoué est un exemple de gite accueillant et proche de la commune de Sô-Ava. 

Mais héberger sur place a l’avantage de vous permettre d’observer le magnifique lever du soleil sur le lac Nokoué mais surtout de contempler le marché flottant de nuit illuminé par les nombreux lampions. si vous voulez heberger sur place, vous pouvez vous orienter vers des gîtes sur pilotis comme l’Expotel chez Raphaêl, ou l’hôtel Germain. 

S’agissant de la restauration, la spécialité culinaire Dakouin pourra vous être servie à Face à la Mer qui propose aussi et essentiellement des spécialités européennes. N’hésitez pas à vous orienter vers des restaurants à Abomey-Calavi ou Cotonou pour apprécier convenablement la gastronomie locale dans toute sa diversité.