En pleine effervescence de la CAN 2023 en Côte d’Ivoire, deux jeunes béninois se sont lancé un défi fou et inédit.
Partir de Cotonou à Abidjan à vélo en passant par le Togo et le Ghana. Avec comme ressources leur détermination, leurs vélos et leurs sacs à dos.
Le voyage a débuté le 16 décembre 2023 à la place de l’Amazone à Cotonou pour finir le 18 janvier 2024 à Abidjan. C’est près de 964 kilomètres parcouru en 24 jours.
Dans cette interview, Jacques partage leurs motivations, les défis qu’ils ont rencontrés entre le vol dont ils ont été victimes et leur nuit dans la rue.
Table des matières
Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je suis Premier Nomade, à l’état civil Jacques NOUMONVI, je suis originaire du Bénin. Créateur de contenu, je suis passionné et amoureux des challenges.
Les deux participants : Michaël Tobome et Jacques Noumonvi
Motivation et inspiration
Qu’est-ce qui vous a motivé à entreprendre ce défi à vélo de Cotonou à la Côte d’Ivoire ?
Les motivations sont diverses mais je parlerai des plus importantes. Ce voyage à vélo de Cotonou pour Abidjan est motivé par ma passion pour l’Afrique, mon envie et mon besoin de découvrir les communautés africaines et de contribuer à montrer une image de l’Afrique, outre que l’Afrique de misère et de souffrance qu’on nous a souvent montré.
Ce voyage a été intitulé Akwaba Cycle Trip.
“Akwaba Cycle Trip – ACT ” est une initiative passionnante visant à réaliser un voyage à vélo à travers l’Afrique. Le projet vise à explorer la richesse culturelle de la région tout en promouvant des valeurs telles que la bienveillance, l’entraide et la durabilité environnementale.
C’était aussi une belle occasion pour participer à la CAN de l’hospitalité qui est un grand rendez-vous où plusieurs cultures se côtoient, interagissent. Il ne fallait surtout pas manquer cela.
Y a-t-il une personne ou un événement spécifique qui vous a inspiré ?
Pas spécifiquement. Je suivais des gens qui faisaient des challenges sur les réseaux sociaux mais cela n’a pas été pour autant l’élément déclencheur.
Je me suis lancé véritablement dans les challenges il y a 5 ans, après avoir effectué mon premier parcours, 150 km environs sans argent. À ce moment, je me rends compte que je me fixais beaucoup trop de limites et depuis ce moment je n’ai fait que me challenger.
Préparation et défis
Comment vous êtes-vous préparés pour ce voyage, tant physiquement que mentalement ?
Mon parcours à pied, de Cotonou pour Natitingou (530 km) en début de 2023 m’a appris énormément de choses sur ce genre d’aventure. Mentalement j’étais prêt parce que je suis préparé à ce genre de défis.
C’est le cas pour les autres participants, ils étaient déjà préparés mentalement d’une manière ou autre.
Physiquement, on n’était pas aussi préparé. Bien avant le challenge, on a refait quelques parcours à vélo à Cotonou et chacun faisait des exercices physiques chez lui.
On a eu des séances de préparation physique aussi avec Daniellis Bancole, physiothérapeute. Une préparation qui a constitué en des séances de massothérapie, de manipulation, de massage.
Quels ont été les plus grands défis auxquels vous avez dû faire face pendant le trajet ?
Les défis majeurs au cours de cette aventure étaient :
- La difficulté à pédaler sur de longs kilomètres. On n’était pas préparé à cela mais on a finit par s’adapter avec le temps
- La difficulté à trouver un hébergement. Parfois quand tu te retrouves dans un milieu aride, c’est difficile de trouver un hébergement. On a dû dormir dans la rue une fois.
Expériences et découvertes
Quelles sont les expériences les plus marquantes que vous avez vécues pendant ce voyage ?
Toutes les expériences ont été marquantes que ça soit positivement ou négativement. Il n’y avait pas de moindre rencontre, chaque rencontre était particulière.
Parmi les rencontres positives, nous avons plusieurs fois rencontré des gens qui nous ont hébergé, pris soin de nous sur le coup, sans nous connaître nous ont fait confiance.
Les rencontres négatives n’ont pas été nombreuses, je note juste la seule fois où on a été chassé d’une église catholique à Lomé parce qu’on cherchait un endroit où juste poser nos vélos et se reposer. C’est devenu une expérience très négative parce que parti de là, on est resté dans la rue et un d’entre nous s’est fait voler son téléphone ensuite.
Avez-vous découvert des choses sur vous-même ou sur le monde qui vous entoure que vous ignoriez avant ?
J’ai découvert que je peux faire encore mieux et cela me donne du coup des idées pour mon prochain challenge. Au départ, en se lançant dans ce challenge, bien que confiant, il n’y avait pas de certitude. C’était l’aventure !
On a dû faire face à plusieurs défis. J’ai découvert que j’ai une grande capacité d’adaptation. Le monde qui nous entoure est juste merveilleux, on a vécu plusieurs expériences positives. L’hospitalité des gens était incroyable.
Ressources et soutien
Avec des ressources limitées, comment avez-vous géré les aspects logistiques comme la nourriture, l’hébergement et la sécurité ?
En terme logistique, nous avons déjà les vélos et accessoires qui nous ont été fournis par Koin Koin Vélo, en plus d’un appui technique pour pour nous dépanner au cours du trajet. Nous avons aussi bénéficié d’une trousse de premiers secours avec Daniellis Bancole, en cas de problème de santé.
Nous avons durant ce parcours expérimenter plusieurs formes d’hébergement. Étant créateur de contenu, notre première approche était de contacter des hôtels ou des Guests House pour leur proposer de nous héberger contre un service de création de contenu vidéo.
Cela intègre aussi l’esprit de notre projet de faire découvrir des endroits aux personnes qui nous suivent. Cela n’a pas tout le temps marché. Parfois, nous dormions dans la rue également.
Nous avons aussi dormi chez les habitants dans les communautés traversées, manger chez eux. Les gens ont été très généreux envers nous ! Donc, on n’a pas manqué de nourriture tout au long de notre parcours.
Avez-vous reçu du soutien ou de l’aide en cours de route ?
On a reçu du soutien tout le long de notre parcours, au Bénin, au Togo, au Ghana et en Côte d’Ivoire. La petite anecdote, on n’a presque jamais payé pour les travaux de réparations sur nos vélos.
À chaque fois qu’on avait une panne de vélo et qu’on finissait de réparer, les gens nous disaient : Vous ne payez rien ! Bonne chance et bon courage pour votre aventure.
En dehors de cela les gens nous ont parfois donné de l’argent, pas de gros billets mais donné avec une grandeur de cœur, parfois c’est tout ce que la personne a sur elle mais elle décide nous donner.
Moments émotionnels
Y a-t-il eu des moments particulièrement émotionnels ou des périodes de doute pendant le voyage ?
Des périodes de doute, il y en a eu, parfois on ne s’entendait pas aussi et ça mettait l’équipe en difficulté. Le moment où Zedann (une participante) s’est fait voler son téléphone, cela a accentué les doutes au sein de l’équipe et tout.
Finalement on n’a pas pu complètement dissiper ces doutes là parce qu’elle a finalement abandonné.
Comment avez-vous surmonté ces moments ?
Moi je recommande toujours le calme pour mieux analyser la situation. Ne prendre aucune décision sur le coup. Rester zen et surtout se rappeler à chaque fois les objectifs qu’on s’est fixés pour le parcours.
Leçon et impact
Quelle est la principale leçon que vous avez apprise de cette aventure ?
La principale leçon que j’ai apprise au cours de cette aventure est que “La vie est une brouette”, rien n’est sûr à 100%, il faut juste se lancer, faire sa propre expérience, apprendre et continuer.
Si je devais me fier à ce que les gens disaient, je n’allais jamais démarrer cette aventure.
Comment ce défi a-t-il changé votre perspective sur la vie ou vos projets futurs ?
Cela n’a pas tellement changé ma perspective sur la vie ou mes projets futurs. Je dirai juste que ça a renforcer ma perception des choses et renforcer mon engagement à réaliser des projets à fort impact social.
Message et inspiration
Quel message souhaitez-vous transmettre aux jeunes qui rêvent de relever des défis similaires ?
Mon message s’adresse à la jeunesse africaine, croyez en vous, forcez les portes s’il le faut mais vous devez accomplir les choses qui vous tiennent à cœur. Cela peut être dur au départ mais vous allez y arriver.
En quoi espérez-vous inspirer les autres à travers votre expérience ?
Je crois que c’est une expérience qui transmet un message de “résilience, de détermination, de courage, d’audace, d’engagement”. Voilà là des mots qui sont souvent revenus lors des mes échanges avec les gens.
Et c’est ce message qu’on veut que la jeunesse africaine comprenne, avoir l’audace de se lancer, la détermination d’aller vers ses rêves. Des gens m’ont aussi dit que mon expérience les motivait à se lancer dans tel ou tel projet sur lequel ils hésitent depuis toujours.
Après je ne suis pas en mesure de déterminer tout ce que ça peut avoir comme répercussion sur les autres, mais ce qui est sûr, c’est que ce serait un impact positif.
Perspectives futures
Avez-vous d’autres défis ou aventures en tête pour l’avenir ?
Le projet directement en lien avec ce premier parcours, c’est d’organiser la deuxième édition de Akwaba Cycle Trip, qui va partir sans doute de la Côte d’ivoire pour le Sénégal.
En attendant de confirmer tout ça avec nos présents et futurs partenaires puisque nous organiserons ce parcours en étroite collaboration avec eux.
À part cela, j’ai des projets d’aventure d’une plus grande envergure mais pour le moment, je préfère ne pas en parler, pour ne pas gâter le suspense. Restez câblé, il y a du lourd qui arrive.
Comment envisagez-vous d’utiliser cette expérience pour influencer vos futures actions ?
Cela influence déjà mes actions actuellement. Avec cette expérience, j’ai pu m’ouvrir à un public plus large, rencontrer beaucoup de personnes.
L’idée serait d’exploiter ces nouvelles relations pour pouvoir créer encore plus d’impact dans mes actions à venir.
Pour les contacter
Page Facebook: Premier Nomade
Adresse mail: info@akwabacycletrip.com
WhatsApp: +228 70 62 73 51